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Témoignage

Interview de Sylvia C.

 


Comment es-tu devenue danseuse chorégraphe ? Quels sont ton parcours et ta formation ?

C’est le plaisir de la danse ; je voulais être danseuse, être sur scène. J’ai eu envie de devenir chorégraphe plus tard : il y a un moment où tu commences à avoir tellement d’ingrédients en tant que danseuse que tu te dis : «j’ai envie de les mélanger moi-même». A 14 ans, je suis partie étudier la danse à l’école Rosella Hightower à Cannes. Ensuite, j’ai fait un B.A., Bachelor of Arts à la London Contemporary Dance School. Puis, j’ai commencé à danser professionnellement, d’abord dans des compagnies, à Zurich. J’ai réalisé un des mes rêves en entrant aux Ballets C. de la B. Puis, j’ai créé ma propre compagnie au Luxembourg, Missdeluxedanceco!, et j’ai créé trois spectacles, deux solos et un trio, qui est passé au Grand Théâtre de Luxembourg. Après, j’ai travaillé avec Jan Fabre, puis au Cirque du Soleil, et à nouveau avec Jan Fabre. A présent, je suis chorégraphe au Luxembourg et danseuse à Gand, au sein du collectif des anciens danseurs des Ballets C. de la B.

Imaginais-tu arriver là où tu en es ?

Non, mais c’était mon but. J’en rêvais. Je n’aurais jamais cru que j’y arriverai. C’est incroyable : j’ai réalisé tous mes rêves. A présent, je peux passer à une autre phase, à un autre stade, avec de nouveaux projets, notamment au Luxembourg, et des envies différentes.

Quel est le moment de ta carrière dont tu es le plus fière ?

Je citerai deux moments. D’abord le Palais des Papes à Avignon, où j’ai dansé «Je suis sang» de Jan Fabre en 2005. L’année d’avant, je dansais dans le festival Off avec d’autres danseurs luxembourgeois et on m’a demandé quel était mon rêve. J’ai répondu : danser sur la scène du Palais des papes. L’année d’après, j’y étais. Le second moment de ma carrière dont je suis le plus fière, c’est à New York, au Madison Square Garden, un lieu mythique, où j’ai dansé avec le Cirque du Soleil en 2006.

Quels sont tes projets ?

Pour l’instant je suis en tournée avec la compagnie Campo et le projet Venizke et gère en même temps la création de Conscienza di Terrore II dont la première aura lieu au Grand Théâtre le 26 juin. Je pars ensuite en tournée avec Jan Fabre avec la pièce «Orgy of tolerance» d’abord à Avignon puis à Dubrovnik. En même temps et dans le cadre du Danz Festival Lëtzebuerg / Le Transfrontalier dont la dernière étape est Bytom, j’irai jouer «Swan dies of an overdose» en Pologne. En octobre, je reprendrai le projet «Dance 09» au Carré Rotondes et participerai en novembre au festival Euro-Szene de Leipzig avec Conscienza di Terrore.

Comment se passe une journée standard de Sylvia C. ?

Ca dépend. Si je suis en période de répétition, je répète de 10h à 22h. Quand je suis en train de créer une chorégraphie, je vais suivre un cours de danse le matin, et je chorégraphie toute l’après-midi. Autrement, je fais des recherches plus «administratives» pour préparer de nouveaux projets, de nouveaux spectacles.

Quels sont les points positifs de ton métier ?

Tu as une liberté sur scène que tu ne peux jamais avoir dans la vraie vie ! Tu prends ton pied sur scène, aucune drogue au monde ne pourra jamais te donner ce «kick» que tu as sur scène. C’est pareil pour la chorégraphie : tu as une liberté phénoménale : tu peux créer ce que tu veux, ce en quoi tu crois personnellement. Tu peux trouver ton inspiration partout, même dans la vie de tous les jours.

Quels sont les points négatifs de ton métier ?

En tant que danseuse, tu sais que ta carrière va finir un jour, car ton corps a ses limites, son « time limit ». Du coup, tu cours après le temps, pour danser le plus possible tant que tu le peux. En tant que chorégraphe, tu es seule à travailler ; personne ne peut faire ce travail pour toi. Du coup, tu travailles beaucoup. Comme tu travailles pour toi-même, les week-ends n’existent pas forcément.

Quelles sont les qualités essentielles pour être danseuse chorégraphe ?

Pour être danseuse, il ne faut pas avoir peur du travail. Je ne connais aucun bon danseur qui soit flemmard. Il faut aussi être ouvert d’esprit : dans ce métier, tu rencontres tellement de gens différents que tu es obligé de l’être. Enfin, il faut être prêt à toujours recommencer à zéro où que tu sois. Comme chorégraphe, il faut être ouvert d’esprit et s’interdire l’autocensure. En même temps, il ne faut pas avoir peur des critiques, ce qui peut sembler contradictoire. Il faut surtout assumer ce que tu fais.

Quels sont les conseils que tu donnerais à un jeune qui se lance ou voudrait se lancer dans la danse ?

Je lui dirai «S’il y a du vouloir, il y a du pouvoir» ! Il faut y croire, même si tout le monde dit «ah, tu rêves…». C’est toujours plus simple de ne pas réaliser ses rêves. Il faut travailler, bien sûr. Mais en se disant : «Plus tu serres les dents quand tu es jeune, plus tu iras loin !», tu feras des expériences magnifiques. Il ne faut pas perdre son temps avec des choses inutiles, il faut être ouvert. Il faut se lancer, se nourrir des autres et des expériences ; il faut se jeter à l’eau.